lundi 5 septembre 2016

Un homme de courage


Intervir (je laisse) de Hamed Abdel Samed, article repris par Hélène Larrivé. Article original https://blogs.mediapart.fr/edition/la-laicite-un-principe-fondateur/article/130116/hamed-abdel-samad-cela-donc-voir-avec-lislam

Oui, les attaques (ndlr, contre les femmes -en général -) ont à voir avec l'islam...

À partir des événements de Cologne (mais pas à leur sujet précis, n'étant pas suffisamment informé), je voudrais dire quelques mots au sujet du harcèlement sexuel en général. 

Je viens d'Egypte, où l'abus sexuel contre les femmes a désormais atteint une ampleur insupportable, en partie parce qu'il a été initialement ignoré ou minimisé, ( il est difficile d'admettre dans une société soi-disant pieuse que de nombreuses femmes sont victimes de violence sexuelle et l'effet d'un tel aveu sur le tourisme, l'une des principales sources de revenus du pays, serait catastrophique, beaucoup même vont plus loin et blâment les victimes en raison de leur façon de se vêtir. ) L'hypocrisie et la réticence à affronter la question ont transformé un phénomène limité en une épidémie : plus de 95% des femmes égyptiennes disent faire l'expérience quotidienne des abus et de la coercition sexuels. Dans mes livres, j'ai examiné les causes de cette épidémie, et surtout le rôle que joue l'islam.

En Égypte et au Maroc, j'ai vu de mes yeux des cas d'abus collectif. Presqu'à chaque fois, les coupables ne sont pas de jeunes croyants isolés, mais des petits groupes souvent sous l'influence de drogues. Il est interdit pour un croyant musulman de toucher une femme à qui il n'est pas marié, même sa propre fiancée ; des fervents s'interdisent même de serrer la main à une femme, et des salafistes en Égypte croient qu'un homme dans le bus ne peut même pas prendre un siège qu'une femme vient de quitter, de peur que la chaleur de son corps seule puisse l'exciter sexuellement.

Pourtant, malgré ces règles - ou à cause d'elles - il est impossible de dire que la violence sexuelle n'a rien à voir avec l'islam, parce que ces mœurs sexuelles strictes, cette structure hiérarchique et cette séparation complète entre les sexes tendent à suggérer le contraire. Une religion qui considère les femmes comme étant la possession d'un homme ou une menace pour sa moralité (ndlr , ou pour celle doute la communauté) doit être tenue en partie responsable. Il y a quarante ans, presqu'aucune femme au Caire nétait voilée et le harcèlement sexuel public était rare. Aujourd'hui, presque toutes le sont mais elles sont harcelées et pelotées sur la voie publique, de même en Iran, Afghanistan, Pakistan, ainsi que dans la plupart des autres pays à prédominance musulmane qui sont au sommet de la liste internationale du harcèlement sexuel ; y compris la riche Arabie Saoudite. On pourrait même soupçonner une corrélation entre le voile et le harcèlement sexuel, et en effet il existe un lien avec le cours que l'Islam prend - mais il ne se limite pas à ce sujet. Tout comme en Inde, le vrai problème est celui d'une culture et d'une hiérarchie qui semblent tenir que les femmes ont moins de valeur que les hommes. (Ndlr , et en même temps une valeur incommensurable d'attrait sexuel exacerbée par la frustration.)

La jeune génération dans le monde musulman a grandi en vivant une dualité : à la maison et à la mosquée, un code moral strict qui ne laisse pas la possibilité aux hommes et aux femmes de construire une relation symétrique saine les uns avec les autres, et sur le net et partout ailleurs, un monde dans lequel il n'y a pas de frontières entre les hommes et les femmes, et sans entraves : les pays musulmans sont au top international en terme de consommation de vidéos pornographiques. Cette dualité crée une relation faussée entre les hommes et les femmes, qui touche même les jeunes musulmans en Europe vivant dans des communautés fermées mais néanmoins exposés aux tentations de la société dans son ensemble (....) un processus de désintégration qui conduit au terrorisme, aux mouvements de protestation, à l'émigration et au harcèlement sexuel. Beaucoup de jeunes Arabes laissent leur pays derrière eux et viennent en Europe. La majorité ne veut que vivre en paix et dans le bien-être. Mais beaucoup portent encore le germe de cette dualité avec eux : ils viennent avec de grands espoirs pour l'Europe mais le mépris de ses valeurs. Avec des attitudes conservatrices envers la morale et un désir de liberté. Soudain libérés du regard de leur communauté, ils paniquent, s'organisant en groupes et en nouvelles communautés ad hoc. L'un devient salafiste, l'autre trafiquant de drogue, pickpocket, ou harceleur sexuel... L'un ne voit chez les hommes européens que les Croisés déterminés à détruire l'Islam, l'autre ne voit chez les femmes européennes que les stars du porno qu'il se souvient avoir vues sur Internet.

L'Allemagne ne peut pas répéter les erreurs de l'Égypte, se taire par crainte d'encourager l'extrême-droite. Bien sûr, les crimes d'un petit groupe ne sont pas de la responsabilité de tous les musulmans ou de tous les réfugiés mais il est temps que cette majorité consacre un peu d'attention aux problèmes au sein de ses propres communautés. Plutôt que jouer la victime après chaque incident sans souci des victimes actuelles, il faut être honnête quand on en vient à la morale sexuelle et au potentiel de violence dans l'Islam. L'Allemagne peut éviter de laisser le sujet de l'Islam et des réfugiés à l'extrême-droite en discutant ouvertement et honnêtement. Qu'il s'agisse du fondamentalisme ou du harcèlement, de la réticence à s'intégrer ou de la criminalité, nous avons de graves problèmes, et les couvrir et les contourner ne font que les exacerber.
Alors, Mme Merkel, Ministre de l'Intérieur, il est temps de lancer le débat !


Envoyé depuis mon appareil mobile Samsung.

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