jeudi 10 novembre 2016

Cesser de fumer, facile

Cesser de fumer, c'est facile. Mais il faut tout changer. Tout ! on ne peut pas se dire juste ''je vais arrêter ça, c'est tout'', ce n'est pas possible (et c'est pour ça que ça ne marche jamais.) Fumer s'inscrit dans une structure plus vaste (mais pas très compliquée.) Fumer, c'est simplement se mépriser soi même et sur valoriser les autres. Se sacrifier aux autres, la clop étant  la compensation accordée à la perte de soi... qui précède l'addiction et ne la suit pas comme on le croit. Il suffit d'inverser les machines.
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Tout d'abord, pourquoi fume-t-on au départ ?
Parce que d'autres fument ! parce que ça fait chic, sexy. Tel film, telle actrice, tel acteur, telle situation nous font rêver. Unetelle par exemple ...  tous les mecs tombent à ses pieds ... elle et sa cigarette (parce qu'au fond, elle est plutôt quelconque) ... Et même... pire ! Nous fumons parce que telle personne (qui cependant n'a rien de mirobolant ni d'enviable) fume ou le DIT ! {à  l'École Normale où nous étions confinées pendant l'oral du concours (une pâle idée de ce qu'allait être la suite de notre détention, pour les malheureuses vainqueures du tournoi -mais c'est une autre histoire-)... c'était la première fois que je voyais quelqu'une FUMER et surtout le claironner... j'entends encore la voix sonore, une voix de théatre intentionellement (?) crier dans le dortoir : MAIS QUI EST-CE QUI AURAIT UNE CIGARETTE À LA FIN ?''}

Et puis, on fume par conplexe, ''je ne suis pas moins bien qu'elle après tout, ou plutôt si, peut-être, mais avec une cigarette, je deviens son égale, l'égale de tous.''

Mais cela ne suffit pas pour s'accrocher. Il faut aussi une souffrance, indispensable, un rejet, la peur parfois que ... mettons Unetelle (une proche) ne se suicide... le chagrin, la solitude, la cruauté aussi, car un chien abandonné, seul, est vulnérable et il en est pour le dévier euh, le deviner... et en profiter, on a vite fait de devenir bouc émissaire.. merci à certain/es. Un suicide ? un peu. comme l'alcool. (Mais à cela j'ai échappé. PAS ANITA, une chance, je n'avais pas les gènes, voir lien.)

Fumer c'est définitivement prioriser les autres sur soi, c'est accepter de se blesser pour ne pas blesser, c'est être social, longanime, parfait, toujours égal, fort à tout prix (la force tranquille ! ouiiiii c'était ainsi qu'on m'appelait du temps où... bref.) Impavide, bienveillante mais un peu distante tout de même  (je m'enfermais aux WC pour pleurer tant mon mari et ma fille me manquaient).. mais... un clope et ça glissait... allons allons...

Petit à petit, ce qui était censé nous servir de béquille nous a coupé les jambes, des jambes du coup nullement nécessaires, et là c'est vraiment l'addiction, les clops indispensables, quitte à aller en chercher à dix heures du soir ou plus tard à Nîmes (70 km) ... sous divers prétextes, car le drogué se ment à lui-même tant il a honte. ''Ça me fera du bien, de toutes manières je bosse trop, une heure de route avec la radio, les infos, ce sera une détente.."

Le drogué, au bout de sa détresse (et avant même qu'il ne le soit devenu) s'offre ainsi une joie misérable mais simple et à sa portée,  il se fait héros d'une mini saga toujours identique (pas de clop = angoisse ; chercher... et trouver clops = joie)  il suffit de quelques €, et il est paré. Il est devenu plus devenu Telle star, Telle personne, mirobolant.

Alors ? Alors c'est très simple. Il faut inverser les machines. Se retrouver, ou se trouver, se créer, se construire, (parce qu'a force, on ne sait plus qui on est!) se ''fabriquer'' (ou redevenir soi si on a la chance de l'avoir été un jour -je l'ai eue, cette chance-) ... et, tant qu'à faire (!) se construire, beau, sexy, brillant, enviable.... oui même si c'est héroïque, si on a quelques défauts mineurs ou non. {Sans dent en effet c'est plus difficile mais pas impossible, il faut trouver l'argent... (évidemment, ce que j'écris ici est un peu théorique mais valide tout de même, excusez moi de faire par endroit du Figaro- Madame) }... car on est (plus ou moins) ce qu'on veut être, tout simplement. (Miou-miou relatait par exemple qu'au casting d'un film, Depardieu avait été refusé car trop imposant pour le rôle... Mais c'est Dewaevre qui avait été choisi .... alors qu'il avait exactement le même gabarit ! Simplement, son talent avait été de coller au personnage, de PARVENIR À FAIRE CROIRE À SA FRAGILITÉ, à faire OUBLIER ses muscles et sa carrure !)

DONC IL FAUT SE CHOISIR ET SE PRIORISER... ET TANT QU'À FAIRE SE ''CHOISIR'' AU TOP! BEAU ET BRILLANT. PUIS LE DEVENIR, (C'EST COMME ÇA QUE ÇA MARCHE, MAIS C'EST UNE AUTRE HISTOIRE, c'est de la physique quantique en somme -voir l'article "face book me rend chèvre''-... Comme disait une actrice un peu... fada ''j'ai toujours été célèbre mais avant, les gens ne le savaient pas.'')

Et tout glisse, les clops ne sont plus indispensables mais au contraire elles sont devenues absurdes, signes de notre pusillanimité voire de notre bêtise. Facile ? Oui.  Mais il ne faut pas se leurrer, il y aura disons, des dégâts collatéraux (de votre fait cette fois.)

Exemple : depuis longtemps j'avais pour habitude d'acheter le soir une tarte aux poireaux dans une petite boulangerie de village. Hélas, malgré ce que me certifiait la grassouillette jeune vendeuse avec la mauvaise foi d'un visiteur médical vantant le médiator, elles n'étaient pas toutes identiques... Et mes dents (ou plutôt mon absence de dents, mal appareillée que j'étais alors) ne me permettaient pas de manger certaines (cela variait selon la grosseur, la ''jeunesse'' et la coupe des poireaux) ou au risque de m'étouffer, les sans-dents comprendront. Cela m'agacait, sans plus.
-- "S'il vous plaît je préfèrerais celle-ci, merci... "
À chaque fois, j'avais la même réponse.
-- ''Mais c'est les mêmes !" ..
Et moi de me justifier piteusement, les sans-dents dents comprendront.
-- ''Euh, non, c'est à cause de mes dents voyez-vous..''
Et elle me servait, souvent sans cacher son exaspération. Je laissais filer.. (c'est une très jeune femme, elle ne se rend pas compte, un boulot pas marrant, sans doute exploitée... et en plus elle doit servir aimablement des jeunes parfois pas marrants -mais friqués, la drogue ça paie bien-...)

Jusqu'au moment où j'ai à la fois cessé de fumer... et décidé enfin de devenir MOI ! (67 ans, il se faisait temps !) Ce soir là, il était 5 heures, il n'y avait personne -redite, il s'agit d' une petite boulangerie où on n'est pas vraiment bousculé.- .... Et c'est parti !
-- "S'il vous plaît je préférerais celle-là'' ...
-- '' C'est les mêmes!''...
-- ''NON. LES POIREAUX NE SONT PAS LES MÊMES''...
Cette fois je l'ai dit : NON. Le scénar a été changé ! Ça ne va pas. Passé le moment de sidération, déçue, puis immédiatement indignée, elle crie presque :
-- ''SI! C'EST LA MÊME PÂTE, MON PATRON LES FAIT ENSEMBLE, C'EST LA MÊME FOURNÉE'' ...
-- ''Mais pas les poireaux. BON, DONNEZ MOI TOUT DE MÊME CELLE-LÀ S'IL VOUS PLAÎT''...
-- ''NON JE PEUX PAS (malgré mes injontions, elle avait déja pris l'autre qu'elle s'apprêtait à empaqueter) PARCE QU'IL FAUT QU'IL Y AIT UN ROULEMENT, c'est mon patron qui l'a dit, on choisit pas...''
-- ''Donc vous reconnaissez que ce ne sont pas les mêmes ?"
-- ''SI C'EST LES MÊMES!'' ...
-- ''MAIS VOUS ME REFUSEZ CELLE QUE JE VEUX POUR FAIRE, DITES VOUS, UN ROULEMENT ! C'EST DONC QU'ELLES N'ONT PAS LA MÊME FRAÎCHEUR'' ...
-- ''OH ET PUIS MAINTENANT, J'EN AI ASSEZ, VOUS ÊTES TOUJOURS À FAIRE DES HISTOIRES, JE NE VAIS PAS VOUS SERVIR, C'EST TOUT...''
-- '' VOUS N'EN AVEZ PAS LE DROIT ET JE NE VOUS PERMETS PAS DE ME PARLER AINSI !''

 ... Elle a repris la tarte, l'a rangée... et malgré son air soigneusement inexpressif me défie, bras croisés.
-- ''JE VOUS SERVIRAI PAS, C'EST TOUT.''
Je hurle, folle de rage.
-- ''vous n'avez pas le droit..''
Elle le prend alors de haut (malgré sa petite taille.)
-- ''Faites pas d'histoires hein...''
[....]
Je sors, furax, elle me suit en hurlant.
-- '' JE VAIS APPELER MON PATRON ! JE VAIS APPELER MON PATRON''...
Je me retourne. Et soudain, ce fut ''comme une apparition'' (mais à l'opposé de ce qu'entendait Stendhal dans ''L'éducation sentimentale'' !) Son pauvre visage est devenu lunaire, hideux, ses trous de nez vus d'en bas semblent pharamineux et ses anneaux aux oreilles, pires que tout..
.. ET C'EST AINSI QUE, ALORS QUE JE SUIS SUR LA DERNIÈRE MARCHE, JE LUI LANCE -- ''RENTREZ DANS VOTRE ANTRE, ESPÈCE DE GROSSE VACHE"..
J'ai le temps de la voir se liquéfier et d'entendre :
-- ''ça alors, grosse vache, ça alors, grosse vache... j'aurais jamais cru ... !! grosse vache! (Et notons le, elle cesse d'en appeler à son patron.) Grosse vache''... (Elle le dit de plus en plus bas... et, sans la claquer, ferme la porte qui était ouverte depuis le début.)

On a ici un dommage collatéral qui illustre la difficulté de changer (et pourtant il le faut) parce que les gens sont habitués à un "vous" (sacrificiel) ... confortable (d'autant plus ici que les loubards clients assidus et rentables, eux, ne l'étaient certes pas !) .. à ce que vous ne vous défendiez jamais (du moins, dans ce cas) ; vous êtes toujours prête à comprendre, à accepter... ('' elle ne se rend pas compte, elle est jeune, elle n'est pas futée, son patron l'exploite'' etc...) Et soudain...
-- ''Rentrez dans votre antre, espèce de grosse vache...''
À peine m'en suis-je rendue compte, le venin était injecté. Il doit brûler encore.
Évidemment c'est moche mais c'est ainsi. The price to pay. Autrefois, j'aurais acheté la tarte (que je ne pouvais manger), dit gentiment merci, enlevé discrètement les poireaux trop verts et coriaces un à un et mangé la pâte.... puis allumé un clope. Ouf, oubli. Maintenant je traite la vendeuse de grosse vache. Grave ? je ne sais pas. Peut-être.

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Yves :
On dirait un discours de ces néo-curés sur la vertu, un de ces prêtres de la religion psy.

[Hélène (je me rends compte après coup que mon texte tronqué ne rend pas le même son qu'en totalité et qu'en plus je me suis trompée dans le lien..)
Désolée le lien j'avais mis était faux d'où peut-être quelques malentendus (genre "ça fait curetage, euh, cureton!'') Non ! Lis jusqu'au bout, Yves et tu verras que c'est pas cureton pour un poil et même un peu... disons hard, encore ai-je un peu édulcoré la fin ! Dommages collatéraux ? oui ! Contre des ... comment dire ? Victimes? Victimes ou quilles ? Victimes-banderilleros c'est exactement ça !  Qui ont pris le strike dans la gueule juste parce qu'elles étaient là et croyaient ne rien risquer, une sainte, pensez ? Honteux ? Presque. Remords ? Presque ! Attention j'ai dit PRESQUE  ! On n'est pas sainte 24h/24 et parfois, les zéros sont fatigué/es. Youpiiiiii ! Ça fait du bien par ouksapasse !]

Hélène :
Oui, j'assume Yves ! D'ailleurs autrefois (lorsque je fus brièvement spontex) on m'appelait Robespierre puis Mère Thérèsa... Pas de dogme, d'étiquettes ni d'oeillères stp : si une chose, un truc (si cucul fût il /elle) a marché ou s'est IMPOSÉ/E  à moi,  prenons le/ la, je l'ai fait, et popularisons la/le pour aider d'autres, et sans chien chose. .. zut ! sans chichis.
Sourate, zut ! SOCRATE ! dirait peut être non non non non ? OK mais... je me fous de Sourate, zut, de Socrate ! ne le répète pas, ça fait désordre. Provisoirement.

Maria (de mémoire ), mon troll attitré, il en faut et ça pose finalement :
Parle pour toi, moi j'en ai jamais eu besoin je fume une ou deux clops et quand j'en ai pas, je m'en passe, j'en fais pas tout un pataquès .

Hélène  :
Oui, ''moij'enaipasbesoin tsoin  tsoin tsoin'' veux-tu dire, comme d'hab? Et bien justement, Yves, tu vois, (à toutes choses un troll est bon !), c'est ça le discours curé- vertu (mais version Tartarin de Tarascon).
Oyez oyez ! L'addiction est reliée aux gènes, c'est une prédisposition (parfois pathologique et d'autres fois, favorable), par exemple certains peuvent boire à se saoûler, tous les soirs, pendant une semaine voire bien plus ET NE PAS S'ACCROCHER, JAMAIS! {Je l'ai fait il y a des lustres (quand mon ex, juste après la naissance de notre fils, est tombé amoureux d'une collègue syndicaliste belle, brillante, ensuite députée écolo -je peux le dire car il y a largement prescription!- et surtout élégante et filiforme...) et qu'il m'a benoîtement expliqué qu'il avait besoin de s'aérer un peu, c'était trop dur de revenir du boulot le soir et de plonger direct dans les histoires de vaccins, nounou, couches etc.. } Aucune conséquence donc... tandis que d'autres dans les mêmes circonstances deviendront définitivement alcooliques. Se vanter d'avoir simplement une bonne combinaison de gènes, mes amis, (ET EN PROFITER POUR TACLER LES AUTRES, LES MALADES potentiels !) ..  avec d'excellents linkages lors de la fécondation voire  même de la méiose, (plouf, plouf celui là il est mal foutu, hop je le coupe, viré poubelle, mais celui-là est très bien, je le booste, si seulement il pouvait gagner le marathon -ovaires- mi trompe) ...  enfin je simplifie, c'est cela qui est minable.

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