vendredi 14 juillet 2017

Un texte de Léon Ouakine

''La bonté naturelle des âmes est-elle plus importante que l'ADN ?''
 (Ndlr, il s'agit de quelqu'un qui affirme avoir des rapports chaleureux et de toute confiance avec une musulmane.)
Les rapports harmonieux de ce genre ne sont pas une garantie d'un avenir paisible entre communautés. D'abord, parce que l'identité individuelle, est un subtil entrelacs entre le "je" et le "nous", impossible de penser une identité qui n'aurait qu'un versant de cette dualité. Vous êtes vous, avec votre part irréductible de singularité mais vous êtes aussi, je présume, également d'une nationalité habitée par une culture, une histoire et un enracinement cad  une parcelle d'un moi collectif. La rencontre entre deux individus venant d'horizons antagoniques, en dépit de leur bonté réciproque, n'est pas une simple rencontre d'individus délestés de leurs cultures, et aussi aimable qu'il soit, cet événement ne présage en rien de la compatibilité de leurs cultures. Les exemples historiques abondent pour montrer combien les choses peuvent basculer d'un coup. L'exemple des Tutsis et des Hutus souligne comment des voisins qui vivaient en bonne harmonie peuvent soudainement endosser les habits du meurtrier. Les communautés libanaises, dont on vantait tant la convivencia, se déchirèrent avec une rare fureur. Quant aux Juifs, ils payèrent de leur vie de l'avoir cru.
Il est illusoire de croire l'individu découplé de son identité ethnique, culturelle ou religieuse, les pesanteurs identitaires sont toujours immensément plus prégnantes qu'on ne le croit. C'est pourquoi je crois qu'il ne peut pas y avoir de véritable fraternité sans un socle commun de valeurs qui ne devront jamais être minimisées. La laïcité offre précisément cet espace où ce qui est semblable en chacun de nous se manifeste comme citoyen d'une même Polis.

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