vendredi 20 janvier 2017

Épreuves de femmes, Nietzschéen contre Francine


 Une réflexion interessante qui a en certainement traversée plus d'une.

Francine : --Je me demande souvent quelle personne je serais, que nous serions, sans toutes les agressions masculines que nous subissons, depuis l'enfance: l'énergie que nous dépensons à survivre, que nous n'avons plus pour autre chose, la diminution de la confiance en soi, la peur de prendre des risques, le désir de se faire toute petite, invisible, pour ne pas attirer les prédateurs, tout ce que nous nous interdisons--sortir le soir, porter certains vêtements, répondre aux insultes, faire certains métiers, certains voyages--par peur d'être harcelées ou violées. Le patriarcat nous coupe les ailes, et après il nous dit que nous sommes incapables de voler." Francine Sporenda

Hélène : -- Oui, exactement. .. mais parfois ça endurcit, ça forge sa bonne femme. Voir http://chantsphilo.blogspot.fr article ''mots sur maux''

Francine : -- Je ne suis pas trop d'accord avec "ça endurcit". Je ne pense pas que se créer une carapace pour faire face aux agressions soit en soi une bonne chose: s'endurcir demande beaucoup de travail sur soi, et on étouffe dans une carapace. La notion que "tout ce qui ne vous tue pas vous rend  plus fort" est typiquement une réflexion masculine (un homme viril étant censé être dur et sans émotions, et de toute façon étant protégé des agressions dont les femmes sont la cible). Je ne pense pas du tout qu'au 1000ème viol tarifé, une personne prostituée soit plus  forte qu'avant le premier viol.

Pascale : -- Une "bonne femme"? Vous êtes un fake, vous êtes un homme. Cela n'endurcit rien du tout et Francine Sporenda exprime très bien les conséquences de cet "endurcissement". Cela épuise. De fait j'étouffe dans une carapace, de fait je sors de moins en moins, de fait je contrôle mes fringues, mes fréquentations, même sur Facebook, j'y suis de moins en moins, un hasard? Tout ces mecs qui postent des blagues scabreuses, grossières, moches, des phrases de haine totalement inconsciente, des gars de la BD qui ignorent La Grande Blanc, Perrine Rouillon, Aurélie Aurita, qui flippent donc pour leurs territoires...


Hélène : -- C'est vrai Pascale... et c'est faux ! perso j'ai vécu des trucs durs dans l'enfance (j'ai 67 ans) genre coups, humiliations et refus de me laisser étudier (si tu étais un garçon, évidemment mais...) de la part de ma mère (ms j'ai étudié qd m !) etc etc... et PARFOIS, je dis bien PARFOIS, je me sens forte d'avoir traversé ça, par exemple par rapport à des copines plus jeunes qui trouvent leur sort injuste (et elles ont souvent raison) parce qu'elles n'ont pas eu une bagnole pendant leurs années de fac... ou parce qu'elles ont ÉTÉ OBLIGÉES D'ÉTUDIER QUAND ELLES AURAIENT VOULU S'AMUSER etc...  Mais tu as raison, (et Nietzsche est un hon, ce qui n'est plus à démontrer) : PARFOIS, je me sens brisée de l'intérieur et je pense que je joue la comédie, que je ME la joue ! (genre moijemensuistirée, je suis un bulldozer, un génie alléluia !) ... c'est une brisure inguérissable.  Il y a en moi H.L1. auteure prof de philo qui se la pète un peu vu qu'elle revient de loin...  Et HL2, sa misère du passé, celle qui a dû mendier chaque bouchée parce que femme elle ne méritait rien, qui a dû ramper pour obtenir ce qu'on offre naturellement à d'autres (qui parfois font les dégoûtés ) ... et qui n'EN GUÉRIRA JAMAIS... et l'a répercuté peut être sur ses enfants mais d'une autre manière, opposée (?

Pascale: -- C'est quand même bizarre, indécent, cruel, que passé un certain âge, quand on jette un œil sur notre passé, familial, professionnel, universitaire, on se considère comme des survivantes... Par ailleurs nous ne sommes même pas TOUTES des survivantes, beaucoup n'ont pas "survécu", ont craqué. Jamais un homme ne se sentira "survivant". Les seuls lieux où je n'ai jamais eu de problèmes c'est la faculté.

Helene : -- Oui Pascale ! Une pensée ici pour mon amie Michèle P. morte faute de n'avoir pu être elle-même (étudier -ses parents la retirèrent de la fac, ce lieu de perdition où je elle allait perdre sa virginité et ne plus trouver ensuite de repreneur -; mariage -avec quelqu'un qui l'exploitait et la mésestimait, elle avait l'habitude ! - et lui refusa l'enfant qu'elle désirait tant ; et pas de révolte, jamais, une fille gentille, trop, ç'aurait pu être moi.) Elle  a cessé de manger. Je crois que c'est Françoise Giroud qui disait que l'égalité hommes-femmes serait acquise lorsqu'on verrait une femme absolument nulle nommée à un poste prestigieux. (Là on y est, juste une parenthèse,  et au passage, salut Nadia. ) Le fait est que oui, nous sommes des survivantes souvent, et  aussi que nous avons fonctionné très en dessous de nos compétences alors que pour les mecs c'est l'inverse !


Suite ici http://chantsphilo.blogspot.fr/2017/01/journal-dune-survivante.html

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