vendredi 24 février 2017

Suite 2 fil Sporenda, mères. La génération panini en quelques mots, enfance

Article base : "http://chantsphilo.blogspot.fr/2017/02/meres-toxiques-histoire-de-freuderies.html

Marie :
 Je n 'ai jamais été une militante féministe au sens propre du terme, je suis devenue féministe au ras des pâquerettes, au fil de ma vie de jeune mariée croulant sous les injonctions et les interdits. En Mai 68, j' ai découvert que je n'étais pas la seule à me rebeller et j 'y ai trouvé la légitimation de mon malaise. Je n' ai pas pu avoir d'enfant, je ne nê suis pas posé la question de savoir si mon désir était légitime ou pas, il était là. J'ai rencontré à l' âge de 40 ans l 'homme qui a voulu être père avec moi . Comme je ne sais rien faire avec mesure, nous avons adopté une fratrie de 4 enfants au Brésil, et même si ça n' a pas été tous les jours facile, je suis vraiment heureuse d'avoir ces enfants, devenus grands maintenant. Je ne sais pas si j' ai été une bonne mère, j'ai souvent été considérée comme une mère d'occasion . Tout ce que je sais, c'est que j' ai fait ce que je pouvais. Un jour où j' ai dit à mon ainé que je n' avais pas été la mère que j' aurais voulu être, il m 'a répondu : "oui, mais tu avais à faire  de sacrés loulous". Et il a ajouté qu'il était heureux d'avoir été adopté. Je me rends compte en vous lisant quels sont les problèmes que les féministes "pur sucre" ont pu se poser. Je  crois que j' ai eu la chance de ne pas être une théoricienne et d'avoir toujours réagi plus avec mes tripes que mpon cerveau.

H : - En effet c'est une chance que d'avoir conservé une sorte de sagacité intellectuelle, par rapport à ceux pollués par une doxa (plus ou moins.) L'engagement est  plus direct et plus efficace surtout. Il reste tout de même que dans mon cas, il a été guérisseur d'un énorme malaise et ça je ne le renie pas, les amitiés avec des ténores du féminisme qui nous ont portées, élevées, ont généré à la fois la guérison et la responsabilité qui va avec  (nous devions mériter d'être, et du coup servir, ne pas nous écouter, nous comporter minables, être nickel etc) ... modèle Simone évidemment entre autres...

Mais du coup les simples constats de valeurs ÉVIDENTES, À CREVER LES YEUX, NOS VALEURS POURTANT, paradoxalement étaient occultés (on était pour bcp philosophes pourtant!) Exemple, ces valeurs dont vous parlez, dont parlent les américaines,  Sporenda etc... ces valeurs féminines, maternelles, de douceur, d'empathie, de nursing etc... étaient pour nous des non valeurs, des leurres, des muleta agitées devant nous pour nous occuper et nous détruire comme on fatigue le toro avant l'estocade, le signe d'une féminitude exploitée que nous refusions. (Outre qu'elles étaient aussi éminemment catho ou religieuses en général.) Du coup ce sont nos enfants qui en ont bavé. Enfants sans mères en un sens.

Le cas chez moi s'atténue et se complique parce que, dans la génération de l'après guerre, (48), et en pays cévenol pauvre, les enfants étaient élevés assez durement, voir ''Les lettres à Lydie'', par des parents souvent traumatisés, parfois culpabilisés d'avoir imprévisiblement survécu, (jusqu'à la maladie psychique). De plus en pays minier par une mère instit, hussarde noire de la République comme on disait, bref, je cumulais !
De fait, et c'est là peut-être où malgré tout j'ai tiré mon épingle du jeu, quoique. .. mon principe était que je ne  voulais à aucun prix que mes enfants vivent ce que j'avais vécu, non que ç'ait été l'enfer certes, surtout en pays minier paradoxalement où je fus heureuse, relativement !  mais tout de même, la grande pauvreté, eût elle été factuelle (mes grand parents n'étaient pas du tout pauvres) et quasi volontaire de la part de Lydie, (la militance, servir le peuple, être à proximité physique,  culturelle etc...) m'avait marquée. J'ai eu l'impression d'une enfance sacrifiée, déniée, il fallait être adulte,  vite, tout de suite. Jamais de câlins, de félicitations etc... c'est pourquoi je dis que nous sommes la génération panini, durement formés dans l'enfance, durement traités aussi (les coups nous semblaient normaux), apparemment peu estimés....

Ensuite, avec quelle ferveur nous devînmes parents d'enfants élevés à l'opposé, jouets, fringues, livres, éducation disons modèle ou que nous pensions telle (même si c'est plus compliqué) ultra gâtés etc... Restait tout de même la contradiction, notre refus des codes de la maternité  (valeurs suspectes pour nous, et elles le sont parfois incontestablement, exemple les prix aux mères de famille nombreuses institués par Pétrin) qui ont certainement traumatisé nos enfants... plus que les coups ? Je ne crois pas. Mais qui sait? Ce qui finalement aboutit souvent, lorsqu'ils deviennent adultes et installés, à une mise à distance voire à un méjugement des mères. (Au départ on a parfois ''tu as été une mère super, formidable malgré toutes nos galères etc..'' .... et ensuite cela s'infléchit vers l'opposé ''quelle mauvaise mère tu as été finalement etc'' ...  Il est vrai qu'il y a parfois d'autres causes à ces propos chaque cas est différent).

Disons pour simplifier que, élevés durement par des parents qu'il n'y a pas lieu de critiquer vraiment car ils avaient connu l'horreur, (et puis, pour ce qui me concerne, j'ai eu une grand mère formidable qui fut plutôt une mère ) nous avons été un peu chanfreinés si ce n'est détraqués....  et avons élevés ou voulu élever nos enfants en opposition complète, (pour ce qui me concerne) en pseudo bourgeois, gâtés mais insécurisés par une certaine bohème à la fois... scupuleusement choyés (le nombre de livres que je me suis cognée sur l'éducation est incalculable) et délaissés à la fois...

Une fois adulte, ils nous l'ont reproché (une litote) et, malgré ce qu'on pense avoir fait pour eux (matériellement, financièrement...) se sont  éloignés de nous (des mères je veux dire !) avec à la clef ce qui ressemble fort à une certaine mésestime ou quasi indifférence. Et c'est là où je vous rejoins toutes, la rupture du lien mère enfant est à la clef, effectivement du système patriarcal car erroder la maternité en nous c'est taper justement sur ce qui est le plus important, ce qui nous fonde à tenir le monde... Mais de cela, les femmes de ma génération ou de celle d'avant, comme Simone, en sont aussi responsable car ce sont elles en premier qui ont mis ces valeurs aux gémonies. Une fois qu'on s'est acquittées de notre tâche bien sûr, on découvre combien on a péché... exact... ou on nous le fait découvrir et le constat est là : on a PERDU NOS ENFANTS.

Les statistiques sont inquiétantes, la majorité des femmes de plus de 60 ans vivent seules et souvent sans le moindre soutien familial y compris et SURTOUT en cas de maladie ou handicap. Des femmes qui ont été des mères parfois de famille nombreuses, tout a fait honorables voire excellentes ! Des bourgeoises et des prolotes. Sur des forums, c'est poignant, elles ne se plaignent jamais ("mes enfants ? ... Oui mais ils ont tous leur vie et une belle carrière, ils sont très pris, et puis ils sont loin et je ne vais pas les embêter avec ça" dit par exemple une dame de 73 ans atteinte de SEP ! Dont le fils est médecin ! Et qui a passé, on le comprend au cours du fil, UNE JOURNEE entière nue sous sa douche, ayant glissé et ne pouvant se relever, en attendant son aide qui n'est arrivée qu'à 7 heures ! ) Oui, génération panini !
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Dominique :- Bonne analyse du modèle patriarco-macho-capitaliste qui dans sa morbidité compétitive intrinsèque fait tout pour détourner garçons ET filles des liens maternels naturels, force vitale de paix et d'harmonie 'gratuite', intolérable dans ce monde du tout marchand dont les boutiques sont tenues par des hommes, ou des femmes volontairement asservies au modèle masculin...

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H : - Oui.  il est vrai que l'entraide, la solidarité, la famille lorsqu'elle fonctionne bien, tout ça ne fait pas le jeu du système qui ne vit que de l'isolement et de la détresse des gens, surtout fragiles,  vieux, femmes, malades. ..

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La question gênante
N: - Parce que ça fait le jeu du patriarcat, est-ce une raison de taire le problème ? Taire des sujets parce que ça fait le jeu de tel ou tel c'est ce qui gangrène notre société, et ça ne rend service à personne et certainement pas aux victimes : les enfants !

H:- oui, le coup du stalinisme il ne faut rien dire car ça fait le jeu de la propagande bourgeoise etc ....  bon, j'ai connu et là tu as raison...
Mais ici, il y a des cas et ton procès est injuste, par exemple, j'ai été une des premières à condamner (virtuellement ) la dame à la machine à laver...  puis l'autre grosse idem, etc... Mais il y a des constantes (mesurables)  tout de même qu'on ne peut rater :  les femmes qui sont systématiquement dépouillées âgées ou malades, oui, de bonne mères pourtant, je connais deux cas assez proches, et de famille nombreuses pour l'une ; des enfants qui systématiquement une fois adultes et dotés, rompent totalement avec leur mère je n'ai plus les chiffres mais ils sont accablants. Et non, ce ne sont pas de mauvaises mère, c'est juste le système qui n'a plus besoin d'elles et même qu'elles dérangent* et hop poubelle, et oui, les enfants font aussi ce jeu, ô sans s'en rendre compte peut etre, pas ouvertement, mais il y a toujours de bonnes raisons de laisser tomber celle  qui la plupart du temps ne réclame même pas, carrière,  loisirs, enfants,  amis, compagne ou compagnon, vie mondaine, fatigue etc...
*Certains hommes, jeunes, ou non, n'aiment guère se souvenir du temps où ils étaient des petits garçons portés même à 18 ans à bout de bras par une maman qui trouvait toujours le temps pour les problèmes de maths,  la dissert de philo, le prof à circonvenir pour le livret etc... aider quelqu'un,  parfois, c'est s'en faire un ennemi.

LE DOSSIER AVEC L'ARTICLE DE SALMONA
Http://chantsphilo.blogspot.fr/2017/03/les-panini-generation-apres-48-sont-ils.html

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