lundi 6 mars 2017

A propos de Pénélope Fillon, une histoire émouvante et drôle pour dédramatiser si l'on peut dire ! Et pour mes consoeurs plus jeunes qui ont du mal à réaliser ce qui pouvait advenir en ces périodes quasiment préhistoriques en 60.

C'était il y a 4 ans environ. Je voulais acheter un terrain dans les Cévennes, proche de chez moi, dans un lieu reculé inaccessible en voiture, magnifique, sur un rocher surplombant la rivière ou en bas. Je m'enquis au cadastre des propriétaires de ces quelques parcelles qui de fait, pour la plupart, étaient plus ou moins abandonnées y compris celles où se trouvaient encore des mazets ou leurs vestiges et prospectais. L'une d'entre eux avait presque ? 80 ans ou plus mais bon pied bon oeil et vivait à quelques kilomètres seulement. Sa parcelle m'intéressait particulièrement. Voici notre conversation.
D'abord, un refus net de me croire. 
-- Mais Madame, je n'ai aucun terrain ni mazet à Ramier! J'en suis bien sure !
-- Et pourtant au cadastre, vous êtes bien indiquée avec votre mari comme propriétaire de la parcelle G 113 et 114, ainsi que du mazet qui s'y trouve, et entre parenthèse, elle est très belle quant à la vue et relativement arborée ce qui est rare. Je vous amènerai le document.
-- Mais enfin je ne comprends pas...  ça daterait de quand ?
-- Je ne sais pas, vers 60 d'après la secrétaire de Mairie, mais elle n'a pas de traces précises... à l'époque c'était un peu à la bonne franquette...
-- Attendez... vous êtes sûre?
-- Autant qu'on peut l'être. Des Chapelières, il n'y en pas beaucoup, surtout Léontin.
-- Et bien je ne vois que...
Je craignais de comprendre et d'avoir commis une épouvantable gaffe, ce qui etait bien le cas. A l'autre bout, la vieille dame faisait mentalement le même chemin que moi...
 -- Le filou ! Et pourtant, c'est moi qui tenais les cordons de la bourse,  vous savez ! Et compter, je sais ! Seulement voilà, avec ces cadres de Péchiney, vous comprenez... avec les primes ! On ne peut pas savoir, ils font ce qu'ils veulent, il n'y a pas de traces...  et parfois,  elles sont conséquentes... vous savez.... ô le filou ... s'il était là il m'entendrait, ô le filou...''
Je tentais une misérable sortie :
-- Après tout, la secrétaire s'est peut être trompée finalement...
Elle me coupa net. Lucide, douloureuse, une mémoire parfaite.
-- Non, je m'étais un peu doutée mais je me disais, où ils iraient, ici c'est un village, et ... ''
Je n'osais pas lui révéler que le lieu, isolé, en bord de rivière par endroit, était appelé le petit Nice ou plus trivialement le b. des hautes futaies. Mais elle avait compris, et poursuivit, comme pour elle même...

-- Evidemment ! Si je n'ai pas saisi, c'est que je suis idiote et je ne le suis certes pas.... parce que vous comprenez, ce n'est pas loin, Ramiers, et ces réunions, ces séminaires soi disant à Montpellier... ces moments où sa secrétaire disait qu'il était en réunion, une fois, ma petite était malade, il a fallu, vous imaginez une journée pour le joindre... quand j'y pense ! Et le Notaire était dans le coup pardi... ''

Clochemerle cette fois, je retins mon rire, heureusement elle ne me voyait pas...   le notaire, résolument homosexuel à une époque où c'était quasiment équivalent à avoir la lèpre, était l'un des riverains, justement ! et la parcelle appartenait à présent à un de ses clercs et amant.
Je la laissai déverser son ire et ne la recontactai plus. Elle avait tout de même gagné quelques milliers d'€ dans l'affaire.

Alors oui, même une vente, un achat, assez conséquents à l'époque, pouvaient tout à fait passer inaperçus même à une personne aussi organisée et suspicieuse que Madame veuve Leontin Chapelieres comme elle était nommée au cadastre. Idem pour Pénélope.

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